Changement de paradigme
-

Si la terre est ronde ,
comme on le dit aujourd'hui,
l'horizon nous lance
un défi de mise en marche:
Que trouve-ton au delà ?

La Terre était plate,
jadis, et cernée de gouffres,
royaumes du Mal.
Au dessus, la voûte étoilée
dictait l'avenir humain,

dont les astrologues
tentaient d'interpréter
les cheminements.
Chacun avait son olympe,
et les Dieux leurs exigences.

Les économistes
remplacent les astrologues.
De nos jours le Ciel
leur est étranger, par contre
Algorithme et Statistique

ont leur préférences.
Au delà de l'horizon
les utopies nichent,
et c'est là qu'ils vont puiser
l'impératif absolu

de leur gai savoir,
pour mettre en œuvre un Progrès
sécularisé
qui fait du Profit le maître
d'une utopie imprudente.
31.03.20

Promesses verbales
-

La reconnaissance
pour les petites mains
de notre survie
est-elle crédible au temps
du confinement global ?

Peut-elle compter,
la caissière de l'hyper,
après le dégel,
sur la commisération
de Michel-Edouard Leclerc ?

Ou doit-elle attendre
que la relève intervienne
par robot de traite
humaine qui l'enverront
au lavoir de Pol-Emploi,

endossant le coût humain ?
Sans plus aucun état d'âme,
du progrès distributif
au seul État Providence
généreux de nos impôts.

Promesse verbale
quel crédit lui accorder
en ce temps de pause,
qui est aussi temps de pose
^pour les ^puissants des nations

30.03.20

Rééducation
-

Étrange réveil:
devenu chinois en rêve,
tout en changeant d'heure,
il me fallait justifier
de mes phantasmes nocturnes,

auprès des kapos
de ma rééducation,
moi qui supposais
mon for intérieur immune
d'improbables suspicions.

Que taire qui puisse
être inscrit à mon débit
et me fallait-il
dénoncer mes chers complices
dans la réfection du monde ?

Que dire sans crainte,
au kapo du quotidien,
maître en algorithmes,
qui permette d'échapper
aux débâcles du dégel ?

Car c'est bien l'objet
de notre congélation
que de relancer
le défi écologique
pour un devenir humain !...

29.03.20

Bonnets d'ânes
-

Me suis-je trompé ?
Vous le dites : La gabelle,
la nuit du Quatre Août,
aurait été balayée
avec tous les privilèges...

Quel sens de l'histoire !
Car depuis cette nuit noire
où sont donc passés,
du passé, les privilèges
et tous leurs privilégiés.

Il n'y en a plus !
Dites vous...Est-ce si sûr ?
Moi je n'y crois pas
quand je vois certains puissants
exonérés de virus.

Mais j'ose espérer
qu'à la sortie du tunnel
nous décompterons
les bons et les mauvais points
pour coiffer les malfaisants.

28.03.20

Pour un confinement serein (2)
-

Vivons dans l'instant !
Ai-je dit dans ma chronique.
Cela vaut la peine
de tenter d'approfondir
cet adage de bon sens.

Je n'ai plus de sel !
Oh ! L'imprévoyant ! Qui va
voler au secours
de ma soupe sans saveur,
confiné comme je suis ?

Mon voisin,
Je le mets à contribution
plus souvent que je
ne devrais. Mais la gabelle
qui voudra bien l'acquitter.

Saint Léon, peut-être,
patron de la confrérie,
en son oratoire,
des porteurs et mesureurs 
de sel de notre vieux port.

Tout bien réflêchi :
le Saint Esprit, suis-je bête,
pourra s'en charger
Ses opérations sans frais
valent carte de crédit.

27.03.20

Recherches pour un confinement serein (1)
-
Avançons masqués !
La reconnaissance faciale
n'est pas pour demain.
Nul ne peut nous reprocher
de nous cacher le visage,

par les temps qui courent,
et l'ordre donné de se
confiner chez soi...
Comment vivre et devenir
humain, seul,avec les siens ?

Avançons sereins,
mais, en nous reclus, d'abord.
Et la réclusion,
que le virus nous impose,
prenons la comme une chance...

Joyeuse quand même.
Je sais : ça n'est pas facile,
si nos compagnons
ne sont pas, eux, disposés
à la convivialité.

Dans l'espace clos,
la sérénité n'est pas
la vertu d'ambiance.
Les hors venus sont exclus,
et la menace obsédante.

Vivons dans l'instant
quand, autour de nous,tout flanche,
là est le point fixe.
Le passé n'y pensons plus !
L'avenir ? On verra bien !...

26.03.20

Distribution de masse
-

Comment être sûr
que le dur confinement
soit humanitaire,
et que, dans les algorithmes,
ne se cachent des démons.

Un médecin dit
qu'il peut être un politique
mais qu'un politique
ne peut devenir toubib.
A-t-il tort, a-t-il raison ?

Et pourquoi faut-il
tant de savants réunis
au Conseil du Prince
pour décider de fermer
les petits marchés des bourgs ?

Hypers et Supers
poursuivent leur basses œuvres
de distributeurs.
Et tant pis pour les caissières !
Le Corona a bon dos.

25.03.20

Un temps pour tout
-

« Rire ou ne pas rire, »
en temps de confinement
« telle est la question » !
Rire soutient le moral
lorsque le ciel s'assombrit.

Ne pas rire est pire,
il induit la compassion
au cœur de l'orage.
Ou la prise d'intérêts
des comptables de nos jours.

Rire ou ne pas rire
l'essentiel est de survivre,
pour bondir et rire
hors du dé-confinement
et bâtir « les jours d'après ».

Sachant la survie
inscrite au crédit des morts,
des soignants, des clowns,
des experts en élégance
dont seront soldés les comptes.

24.03.20

Chronique du confinement
-
Qu'attends-tu de moi?
« Lève toi, dis tu, et marche ! »
Même confiné...
Si je veux être autonome,
grandir en humanité.

Mais comment le puis-je,
s'il me faut rester chez moi,
sans autre horizon
que le décor familier
des visages habituels ?

Change de regard !...
Considère l'ennemi
que tu dois abattre
C'est d'abord en toi et seul
que le combat se déroule

Mais c'est l'équipage
du confinement qui va
t'aider à la barre.
Nous sommes tous solidaires
du cap à tenir au vent.

Resserre les liens
entre le pont et les soutes,
bâbord et tribord,
le moussaillon qu'on envoie
prendre un ris dans la grand voile,

gabiers de poulaine
et autres bons à rien,
tous ont droit de vivre
et d'être reconnus humains
comme le vieux capitaine.
22.03.20

Résistons

La vieille mémoire,
quand on voit les villotins
charger leurs bagnoles
pour aller se confiner
à la campagne, à la plage,

au loin du virus
nous ramène à Mai Quarante
quand fuyant devant
la vague de peste brune
les parisiens et bien d'autres

venaient en Bretagne
matelas sur les guimbardes
semant la panique.
Et repartant un mois plus tard
vers le Sud ou l'Angleterre...

Le confinement,
pour nous restés au Pays,
dura quatre années...
L'ennemi n'est pas le même.
Mais il nous faut résister.

21.03.20