Le grand frère
-


Mon frère Soleil,
dans le ciel de nos errances,
reste imperturbable.
Pivot de l'orbite, il règle
la succession nuit et jour.

Vouloir l'atteindre est
impossible heureusement.
Nos folies souvent
nous font de l'ombre et nous privent
sagement de ses ardeurs.

Est-ce un être ou mieux
est-ce une âme collective
dont l'identité
affirme la primauté
dans la lignée fraternelle.

Parfois il se fâche,
les déserts portent la preuve
de son inconstance.
Heureusement la distance
apaise bien des colères.

C'est lui qui fournit
l'énergie qui nous anime.
Et le créateur
fait de lui le frère aîné
qui régente la tribu.

30.09.16

Lignée fraternelle
-

« Mon frère Soleil ! »
nous dit le Povorello,
et quand il ajoute :
« Terre, ma sœur et ma mère ! »
Il situe notre lignée

dans la création,
pour louer le créateur
et le glorifier
d'avoir fondé entre nous
notre humble fraternité,

dans le dénuement
de notre âme échevelée
aux vents de la vie...
Fraternité rude. Aussi
rude que la quête en soi...

d'où surgit l'amour
ce tremblement réciproque
des âmes éprises
pour rejoindre la lignée
et perpétuer sa marche.

29.09.16

Au lecteur inconnu
-

Tu es venu lire
quelques uns de mes poèmes
en catimini.
Merci lecteur inconnu
pour ce moment de partage !

Qui es-tu?...Qu'importe !
Peut-être reviendras-tu...
Peut-être pas...
Cet instant passé ensemble
est une reconnaissance

de la vie des mots,
dans la sphère de lumière,
quand ils prennent langue
pour participer, entre eux,
à l'envol de la pensée.

Instant fabuleux
où la création rejoint
le génie humain
dans sa marche intemporelle
vers l' hyper-humanité !

28.09.16

La forme et le fond
-
La forme ou le fond ?
Quel est l'essentiel en toi
lorsque tu dessines
les traits d'un visage offert
à la vue de ton regard ?

La forme est sans doute
d'un plus facile accès
aux traits du fusain.
Mais le fond, comment l'ouvrir
à la flamme du regard ?

Et la vue est-elle,
dans la rencontre et l'échange,
une flamme en soi
qui risquerait d'éblouir
le visage du modèle

et clore ses yeux ,
au moment où cette flamme,
alchimie subtile,
transmue en vision ta vue
pour donner accès au fond.

Et le seuil franchi,
d'autres portes se referment
que tu croyais libres.
Veille bien à glisser le pied
dans ton entrebâillement

qui mène au tréfonds.
C'est là que siègent tes monstres
qui bloquent ta main.
Tu dois les neutraliser.
N'est-ce pas là l'essentiel ?

27.09.16

L'Éden de la Quête
-

Pourquoi cette quête
échevelée, sans merci,
de l'homme ordinaire,
à la poursuite sans fin,
sans repos, de ses chimères.

Le Bonheur, crois-tu ?
Ou le bien-être installé
dans le faux confort
des plages de sables d'or
aux palétuviers en fleur ?

Cet éden rêvé,
où tendre la main suffit
pour cueillir les fruits
de l'abondance éternelle
sous un ciel toujours dénué.

L'éden de la quête
peut-il être confondu
aux yeux des consciences
enfin libres de leurs craintes
de manquer du nécessaire,

avec la déprise
qui permet à l'âme en paix
d'ouvrir ses puissances
à la présence infinie
de l'esprit vivant en nous ?

26.09.16

Perspectives dominicales
-

La télévision
nous promène en Italie,
Est-ce raisonnable
lorsque l'on sait qu'en Syrie
l'hécatombe continue.

Toujours pas de pluie !...
Au jardin j'ai ramassé
les dernières poires.
Pourrons nous nous promener
demain au bord du halage...

Irons nous plutôt
à la fête des voisins,
retrouver peut-être
quelques vieilles connaissances,
raviver les souvenirs.

Ne pas oublier
la messe à dix heures trente...
aussi nécessaire.
La concurrence est bien vive.
Le temps de sieste où le mettre ?

La petite fille
et son compagnon se sont
annoncés pour prendre
le thé dans l'après midi,
saurons nous communiquer ?

Et le soir, fourbus,
le petit écran promet
- grande sollicitude -
à nos investigations
une énigme policière !

Aurons-nous le temps
de nous retrouver tous deux
et lever le nez
de nos mots croisés subtiles,
avant que d'aller dormir ?

25.09.16

La juste place des mots
-

Ils sont attentifs
à nos forces qui déclinent
et dans leurs regards,
chaque jour, nous décelons
leurs grandissantes angoisses.

Longtemps en sursis,
l'âge nous a rattrapés.
Et ses bénéfices,
il nous faut le reconnaître,
ne sont pas que des douceurs.

Nos enfants, eux-mêmes,
ont leurs propres inquiétudes.
Et pour leurs enfants,
l'avenir n'est pas tracé
comme, pour eux , il le fut.

Mais tous sont taiseux,
prennent soin de nous cacher
leurs incertitudes.
Les attentions qu'ils nous portent
trament en nous leurs silences.

Qu'en faudrait-il faire ?
Achever de tisser la toile
et s'en revêtir
sans y retrouver la force
d'un nouveau rebond ?

Ou, tout au contraire,
remettre entre nous les mots
à leur juste place.
Même si le champ d'action
s'arrête au bout de la rue.
24.09.16

La tectonique des plaques
-


« Pourquoi ? » et « Comment ? »
sont les deux questions primaires
auxquelles répondent
le départ pour le Djihad
et la pensée mortifère.

Le passage à l'acte,
qui nous paraît si soudain,
murit lentement
dans les profondeurs de l'âme
et la tension de ses plaques.

Forces telluriques
qui brisent la cohérence
de l'être cosmique,
dans sa quête d'unité
quand les faillent se déchirent.

Le déséquilibre
ne peut être compensé,
dans le plus intime,
que par un ajustement
des plaques en mouvement.

Cet ajustement
dans le silence et la nuit
ne va pas de soi
et l'énergie déployée
s'exerce vers la lumière.

L'âme déchirée,
dans la souffrance et le doute,
n'a plus de contrôle
et se laisse dériver
jusqu'aux lèvre de la faille,

où le cri surgit.
Et c'est là que tout s'inverse...
Comment et Pourquoi
menacer du poing le Ciel
pour forcer la main de Dieu.

17.09.16

Sortir du chaos
-


Comment retrouver
la sérénité de l'âme
dans un tel chaos
et poursuivre le chemin
qui mène à l'humanité ?

Tu te crois humain,
tu le dis -tu es sincère-
mais l'es-tu vraiment.
L'arbre de la connaissance
dont tu as goûté les fruits,

malgré l'interdit,
gâte ton entendement,
brouille ta mémoire.
Ta volonté s'est tendue
sans réserve ni contrôle,

jusqu'à récuser
l'image et la ressemblance
qui faisaient ta gloire,
et tu n'es plus, de toi-même,
que l'ombre pâle et floutée.

Reprends ton chemin.
Aux puits des rencontres,
le soir, à la halte,
tu verras jaillir la flamme
d'où nait la fraternité.

22.09.16

Liberté de la vision
-

Si tu veux marcher
à contre sens de la foule,
sois prudent, mon frère,
car les puissants tenteront,
bientôt, de remettre en ordre

tes pensées secrètes.
Et si tu t'assieds en marge
du courant humain,
nul ne s'y opposera
d'abord. Garde le silence,

sans faire désordre.
Tu es libre de risquer
défier l'horizon
pour joindre ton utopie
dans la paix de ta vision.

Mais si ton exemple,
inversant le sens, attire
à lui le courant
et provoque des remous
dans le peuple enfin conscient,

poursuis ton chemin,
sans attendre que le juge
et son bras armé
tentent de mettre un terme
à ta chère liberté.

Le peuple saura,
en lisant dans ta pensée,
à force de temps,
tracer son propre chemin,
vers l'horizon dégagé.

21. 09.16