Bénéfice du doute
-
Reprendre la plume
là où je l'avais laissée...
L'encre n'est pas sèche.
Dans le fond de l'encrier,
les mots ont des impatiences.
Le Chafouin, sans doute,
est-il encore à l'affut.
De lui qu'ai-je à craindre
si mes mots lui sont suspects
et s'il croit savoir ma langue ?
Étrange univers
où j'avance à pas prudents,
sans même savoir
si le prédateur survit
à mes mots empoisonnés.
28.06.13
Big Brother
-
Qui donc es-tu, toi,
qui chaque jour me visite
sans lâcher un mot ?
Quel intérêt pour mes dires
guide ta curiosité ?
N'es-tu qu'un robot,
chargé de la surveillance
des voies et moyens
qu'emprunte le Gyrovague
pour assouvir sa passion ?
Ou n'es-tu qu'un leurre,
pour détourner l'attention
de plus noirs desseins ?...
Faut-il croire ce qu'on dit,
jeter ma plume aux orties,
et garder pour moi
mes mots soupçonnés du pire
par quelque Grand -Frère,
affolé de mon audace
à vouloir demeurer libre ?
13.06.13
Printemps quand même !
-
Encore un matin
sans soleil ni chant d'oiseau...
Où se cachent-ils ?
Que feront-ils pour s'aimer
si l'air lui-même se tait ?
Étrange Printemps !
Quelle énergie tend son arc,
et pour quel désastre ?
Tiens ! La tourterelle appelle
un compagnon hypothétique !
Une autre répond.
Un corbeau s'en mêle et chasse
cet espoir naissant,
ou la vieille lassitude
d'un matin de brume et d'encre.
Car la tourterelle
insiste encore, et encore.
Et l'autre s'approche.
Le corbeau a pris son vol.
L'arbre tend ses bras complices.
9.06.13
Coup de foudre
-
La foudre est tombée
tout près, ébranlant le sol,
comme si le ciel
s'effondrait dans un fracas
de mots brisés à la source
de l'Être surpris.
Le corps tremble au plus profond,
sous le choc vacille,
saisi de vertige au feu
d'une peur inextinguible.
Et pourtant le souffle,
quand les nuages se dissipent,
me revient, docile.
Et la vie reprend ses droits.
Qui se cache dans sa force ?
9.06.13
A la Source de l'aube
-
Si la source est vive
distillant fraîcheur, clarté
et musique douce,
pour les hôtes de passage,
faut-il ambitionner plus.
Un grand vent nous souffle
les parfums de la garrigue.
As-tu vu les chênes,
comme ils sont tordus par l'âge
et la pauvreté du sol ?
Le vent de la nuit
n'a pas nettoyé le ciel,
le temps est maussade.
Peut-on espérer le jour
plus apaisé que la veille ?
08.06.13
Transport public
-
Tu pars en voyage...
Tu t'en vas prendre le train...
Ferme bien ta porte !
On ne sais jamais ce qui
peut tenter le passager.
Tes juste à l'heure,
mais n'as-tu rien oublié,
fermé les volets,
vidé poubelle et frigo,
éteints toutes les lumières ?
Allons, en avant !...
Le baluchon à roulettes
se laisse tirer.
Le quartier qui dors encore
te délivre de tes chaînes,
Pour s'en charger d'autres.
Où as-tu mis les billet,
et ton portefeuille ?
Hors de portée des brigands ?
N'oublie pas de composter .
Le train va partir.
Tu as trouvé une place,
loin de la marmaille
et des gens incommodants
Le train peut partir...Tu sais
où tu veux aller
et les risques pris sont sages.
Mais ce qui t'attend
Si sans le vouloir tu rate
la correspondance est flou.
Et c'est dans ce flou
que l'intérêt du voyage
se cache et t'attire.
La marmaille devient vie
et le puant frère en toi.
30.05.13
Terre et Ciel
-
C'est dans l'entre-deux
de l'Être et de son Grand oeuvre
que se glisse la vie,
pour transfigurer le ciel
où la terre s'accomplit.
Séparation folle
de la main et de l'objet
qui le constitue
en sujet conscient et libre
d'achever l'oeuvre, lui-même.
C'est dans ce mitan
que se hausse le sujet
et que son regard,
dans un cillement, découvre
l'étendue de l'Univers.
06.06.13
Tension essentielle
-
Ne t'arrête pas !
Que tu marches sur la route,
ou seul dans ta tête
la station debout t'oblige
à mettre un pied devant l'autre.
Mais sois attentif
à garder ton équilibre !
Car le gyroscope
qui guide ton pilotage
peut être un oiseau volage,
les jours de grand vent,
et t'entraîner vers le cœur
des nuées orageuses.
Longueur, largeur, profondeur
étalonnent ton regard.
05.06.13
Insoumission
-
Forte tentation
devant la force du droit
de baisser les bras,
de laisser passer l'orage,
d'attendre des jours meilleurs.
Repli malvenu
pour notre cause commune
et que tu es seul
à pouvoir défendre telle
que tu l'as conçue jadis.
Alors reprends -toi !
Car le droit est ainsi fait
qu'il se moque bien
du peuple des sans papiers
et des quêteurs de misères.
4.06.13
