Côté Cuisines
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La trilatérale,
cet antre des idées torses,
forme-t-elle encore
ses marmitons de fortunes
pour addictiver nos gênes ?

*
Si comme le disent
les marmitons « neuro-bio »
l'homme porte en lui
le vrai, le bien, le beau,
qui peut activer ces gênes ?

*
Les chefs étoilés
ont-ils toujours le pouvoir
d'imposer leurs goûts
aux convives attablés 
qui rêvent d'un bon festin ?

*
Les marmitons lient
autorité et pouvoirs
dans leurs casseroles.
Vu l'odeur, sommes nous libres
d'en apprécier la saveur ?

31.08.13

En visitant le « Musée imaginaire »

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« Le musée sépare l'œuvre du monde profane
et la rapproche des œuvres opposées ou rivales.
Il est une confrontation des métamorphoses. »
André Malraux
Les voix du silence

Comment pénétrer
au sein de l'impénétrable,
en son plus secret
sans dénaturer la vie
des images qui l'animent ?

Écouter et voir
c'est déjà prendre le risque
de devoir juger,

comporter, rapporter, dire
ce que tu crois compréhensible.

L'œuvre humaine, là,
devant toi, n'est pas l'œuvre
d'un seul, mais de tant
et tant d'autres, étrangers
à l'univers de ton ciel.

Alors, vois, écoute,
imagine si tu veux,
mais sans présomption...
Ta curiosité n'est pas
juge de cet autre là.

Vos deux univers
ces nébuleuses spirales
déployées en vous,
demeurent inaccessibles
dans leur devenir conjoint.

30.08.13

Adresse au Chafouin
-

Un « Big Data Center » aux capacités titanesques
se construit dans le secret de Bluffdale (Utah)
Le Monde daté du 29 Août 2013

Que fais-tu Chafouin
du produit de tes rapines ?
Pourquoi t'obstiner
à saisir ainsi mes mots,
et pour les cacher en quelle

obscure prison
où ils vont sans fin croupir ?
Et pour quel motif,
sans jugement ni pardon ?
De quel droit t'ériges -tu

en champion du temple ?
Aucun propos ne doit-il
- virtuel sacrilège-
échapper à ton contrôle,
au nom de ta liberté.

Tragique perfide,

a force d'accumuler
tant de mots, sans rime
ni raison, tu finiras
en pétomane morbide !

Écrit le 01.07.13 /
retranscrit le29.08.13

Mutation du message
-

Si j'ai quelque chose
à dire, comment m'y prendre
pour le faire entendre ?
Jeter, au vent, mes paroles
ne suffit pas, il leur faut

un écho profond,
pour atteindre les oreilles
prêtes à m'entendre.
Car sans écoute attentive
à quoi servent les discours ?

Le vieux jardinier
a rangé brouette et pelle,
fermé la cabane
du courtil, crouillé la porte.
Il ne jardinera plus.

Dommage ! C'était
un bon interlocuteur
et dont je savais
qu'il faisait de mes paroles
le terreau de ses légumes.

Devenu prairie
le jardin déchu nourrit
quelques moutons noirs.
Que voulez vous qu'ils entendent
de ce que dit un poète,

ou prétendu tel.
Mais, plus loin, au fond de moi,
quelques mots ne cessent
d'étendre la perspective
de la vie en poésie.

27.08.13

Question de choix

-

« Faisons l'homme à notre image
comme à notre ressemblance »
Genèse I 26

Que se passe-t-il
pour que le sommeil me fuie
et l'idée m'obsède,
au point d'occulter mon ciel
de leurs nuages de cendres ?

Savoir qui je suis,
me paraît précaution sage.
Savoir d'où je viens,
peut m'être aussi fort utile.
Reste à choisir où aller...

Ce choix délicat
mérite mon attention.
Pour mobiliser
ma volonté, ma mémoire,
un modèle est nécessaire.

Mais où le trouver,
tel que sa similitude
ne soit servitude,
mais la ressemblance vraie
un horizon atteignable ?

A moins que l'oubli
me protège de moi-même,
cet autre semblable,
toujours soucieux de paraître
le plus ressemblant des deux ?

26.08.13

Renaissance du regard
-

Faut-il rechercher ,
dans les plis de la mémoire,
ces instants de grâce
où la vie est un bonheur,
quand le jour se lève en moi ?

Le jour et la nuit,
quelle est cette alternative
qui libère l'âme
de l'obscurité des doutes,
et la place en plein éclat ?

Peut-être la grâce
est-elle parcimonieuse,
ses instants comptés,
ne le sont-ils pas pour moi
dans la splendeur du soleil ?

Mais chaque matin,
l'être ne peut-il, en soi,
renaître à la vie,
avec ces yeux neufs d'enfants,
qui furent les miens jadis. ?

25.08.13

Dans mon panier
-

Pourquoi le marché
est-il un lieu de mémoire ?
Que vais-je y trouver
qui puisse évoquer pour moi
les souvenirs du passé ?

Que puis-je espérer
des images plus ou moins pales ?
Me suffiront-elles
à nourrir cet être, en moi,
qui me dévore et m' échappe ?

« L'homme ne vit pas
seulement de pain »disait
la bonne parole.
Mais c'était aux temps anciens...
Dieu n'était pas mort, alors,

et pouvait parler.
Et de toutes ses paroles
on faisait pâture,
quand les images restaient
le privilège des grands.

Image et discours !
La concurrence aujourd'hui
est devenue telle
que la raison ne sait plus
distinguer le vrai du faux.

Tandis qu'au marché
de ce kilo de carottes,
d' un melon à point,
de la marchande, un sourire,
dans une foule affairée,

je me satisfais.
Mais de ce contentement,
pis aller précaire,
l'âme de la ville a-t-elle
gagné en humanité ?

23.08.13

Cela mérite réflexion !

« De quoi y a-t-il souvenir ? De qui est la mémoire ? »

Paul Ricoeur
La mémoire, l'histoire, l'oubli

Et si ma mémoire,
en moi, était un autre être
que j'avais en garde,
et qu'il me fallait nourrir,
si je voulais devenir

un peu plus humain...
Où trouver la nourriture
Pour l'alimenter,
sans dénaturer son âme,
ni en faire une chimère.

Mais quel est cette âme
familière ou étrangère,
et les deux peut-être ?...
D'abord aller au marché
et plonger dans sa mémoire.

Car c'est là que vit
la mémoire de la ville,
et que bat son cœur,
et que se nourrit son âme.
Et, sans eux , je ne suis rien.

Cet être- mémoire,
en moi, ne m'appartiendrait
pas ? Mais alors qui suis-je,
si je n'ai pas de mémoire ?
Ou que d'autres s'en emparent ?...

22.08.13

Le fer et l'œuf
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« Plusieurs fers au feu ! »
suggère le forgeron.
Sage précaution
pour qui maîtrise le feu
et qui sait la clientèle

aussi volatile
que les bouffées d'étincelles
dans la cheminée.
Mais Grand'mère prétendait
ne pas mettre tous ses œufs

au même panier.
Un seul feu et deux paniers!...
Qui me faut-il croire ?
La sagesse populaire
est-elle à ce point perverse ?

Ou le fer a-t-il
un statut particulier
dans le paradigme
de l'œuf et la poule au pot ?
Le choix ne va pas sans risque...

21.08.13

De l'être bien à la vie bonne
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...Vie bonne, dans des institutions justes, avec et pour les autres
Paul Ricoeur

Soudain, l'être bien,
comme un accomplissement,
devant la beauté !
Non pas l'être là, figé,
en soi, mais déjà plus loin,


sur notre chemin,
projeté vers l'ineffable
désir, éblouissant,
de l'horizon
qui nous extrait du chaos,

nous tire hors de nous.
Désir, toujours là, tapis,
et qui nous propose
de nous engager sans crainte
sur la voie de la vie bonne.

20.08.13