Nouvelles de la tribu
-


On me dit que l'être
n'a plus cours dans la tribu.
Que : « Ne pense pas ! »
est devenu le mot d'ordre
simplificateur du net.

Pris dans le filet
l'homme serait un poisson,
ainsi que la femme,
une fois étripaillés,
prêts pour la congélation.

Pourtant la naissance,
comme tout autre animal,
sous notre soleil
a fait de nous des vivants !
Mais la vie a-t-elle un prix

aux yeux des marchands ?
Le vivant n'est-il pour eux
qu' un ventre affamé
capable de digérer
n'importe quelle salade ?

Et dans tout ça : l'être ?
Qui pourra lui réserver
un brin de pensée,
pour qu'en rompant le filet,
en lui, grandisse l'humain ?

28.03.12

Où vas-tu Basile ?
(air connu)
-

En réponse à Monsieur le Président de la FNSE A, chaud partisan de l'agriculture productiviste et des cultures OGM,

d'après les journaux du jour. 27.03.12

Accumulation !
Pourquoi craindre de manquer,
sans vouloir plus être,
au risque des panses pleines,
étalées sur les comices.

Devrais-je rêver
d'une vie protocolaire,
aux ombres laurées,
quand la plume se souvient
de nos errements passés ?

Comment penser clair,
par les taillis des grimoires
et des écrans plats,
si nos pas ne crissent plus
sous les futaies des grands chênes.

…................

Que dire aux enfants
qu'on croise au Mac-Do du coin ?
« Le Coca n'est pas
l'élixir de la vie bonne, 
ni le « chien-chaud », le nanan. »

Que répondre au maître
qui me dicte mon destin
sans le moindre doute ?
Faut-il accepter sa Règle
qu'il m'impose au nom de l'Ordre ?

Ou me révolter,
opposer aux lois d'airain
ma liberté d'Homme.
Refuser d'être complice
du joug qui me blesse au cou.

Sont-ils pris de peur,
les gardiens de la planète,
devant la fluxion,
bubon tout prêt d'éclater
au nez de Polichinelle.

L'arthrose menace
les flux moteurs de la vie.
La main invisible
tient-elle encore l'attelage
quand je m'en vais au marché ?

Suis-je encore libre,
dégourdi comme je suis,
sur mon champ virtuel,
ou dois-je me contenter
de cliquer pour m'effacer,

sans savoir m'enregistrer...

29.08.06

Le printemps, déjà !


Les arbres rougissent
de plaisir, dans le vent d 'Est .
Le Printemps, déjà !
Raison ou émotion, peut-être,
frissonnent l'eau de l'étang.

Les chatons de saules
passent au fil du courant,
quand les enfants cueillent
la première pâquerette
esseulée sur sa pelouse.

La grenouille appelle
son compère le crapaud.
Confusion des genres,
ou défi mâle aux espèces ?
Darwin doit bien s'en moquer !

26.03.12

Décalage horaire
-


Ce matin, le merle,
fidèle à la tradition,
siffle le réveil.
Mais sait-il bien qu'aujourd'hui
le soleil a changé d'heure ?

25.03.12

Usurpation
-
En visitant une Chartreuse désaffectée

Je m'assieds au chœur
dans le trône de l'évêque.
Suis-je un innocent ?
Chérubins et Séraphins
embrigadent les puissances.

Les Dominations
supportent mon bras impie.
Siège en déshérence ?
La tête du Lion en main
est-ce ma grande infamie ?

Trop poli le marbre !
L'évêque reviendra-t-il
toute honte bue ?
Faut-il occuper les mots
afin qu'ils sourient aux anges ?

24.03.12
Valbone le 17.08.03

Transparences


La figure humaine

est une frondaison de transparences dont une lumière plus transparente ouvre les fleurs »
Joë Bousquet Papillon de neige (Verdier. 1980)

Au pied de la baume,
la forêt cache les plaies
du sol éventré.
Les racines s'entremêlent
et soulèvent les talus

en nœuds de serpents.
Le chemin monte à pas lents,
à peine du souffle,
et se révèle complice
de la glaise détrempée.

Tendu vers les cimes
le regard guide sa flamme
à travers les mailles
du filet ombreux des branches,
vers le vent de la parole.

Menace ou promesse ?
Nous faut-il croire à la vie,
nous en détourner,
écarter l'amour terrestre,
ou plonger au plus profond,

enfin reconnaître,
à force de maladresses,
l'agapé humaine,
dans la profondeur des fleurs,
aux yeux de la Madeleine ?

22.03.12
La Sainte -Baume (15.07.02)

Relecture
-

Rouvrons le vieux livre,
là où nous l 'avions laissé !
Sa mémoire est sûre,
chaque page est à son ordre.
A toi d'en saisir le fil !

Mais ce n'est pas clair.
Les images se bousculent.
Il faut retrouver
le sens du courant profond,
pour en connaître les mots.

Se glisser entre eux,
en toute complicité.
Se laisser porter
par leur volonté puissante,
sans renoncer à soi-même.

Le choc est brutal.
La complicité trahie,
refus du renoncement,
alloue à la création
le champ d'un nouvel ouvrage.

Et c'est le lecteur
qui devient, pour soi, l'auteur
d'un livre virtuel,
et tisse autrement le fil
des images et des mots. 

21.03.12

Vigie-Pirate
-

Les mots de la nuit
aux jugements se dérobent.
Le merle s'en moque,
sa compagne lui répond,
et cela le remplit d'aise.

Mais est-ce prudent ?
Ce matin, dans le concert
des chants d'oiseaux,
vibre comme un contre-chant
qui n'est pas de bon augure.

Sans doute un écho
de vacarmes plus lointains,
dont on sait bien peu,
même si sur l'horizon
brille une barre écarlate.

20.03.12

Flânerie dans la « Grande Librairie »

-

En relisant "l'Herbe d'oubli" de Louis Guilloux

Si j'ouvre ce livre
par simple curiosité,
quel mot dans le titre,
quelle image dans ma tête,
retiennent mon attention ?

Car c'est bien cela
la lecture : une rencontre
entre l'écriture
de l'auteur et la pensée
du curieux soudain captif.

Mais cette pensée
qui est libre en son domaine,
confrontée soudain
à la pensée de l'auteur,
par l'écriture traduite,

engage un combat
où les mots et les images
n'en finissent pas
de patauger en désordre
dans les marais de leurs peurs,

quand s'éveille à peine,
entre joncs et galaxies
la conscience claire
qui apaise la pensée
et la bride en sa lecture.

Si les peurs s'éloignent
ma pensée reste agitée
et le mord aux dents
éprouve la volonté
dans ses plus profonds ressorts.

Et le jour se lève.
Entre la pensée fixée,
par son écriture,
et ma pensée libérée :
la confiance s'établit.

19.03.12

Démons et Perspective
-

Si je te disais:
« L'Europe est notre rempart ! »
Croirais-tu vraiment
que nous soyons à l'abri
des démons qui nous assiègent ?

Si tu me demandes :
« As-tu bien fermé la porte ?
Aurais-tu grand' peur
de quelque intrusion nocturne
ou de mon indifférence ?

Si je te demande :
« As-tu rentré la voiture ? »
Quel souci de l'ordre !
Ou crainds-tu qu'on nous dérobe
la cavale de nos rêves ?

Et quand je m'enquiers :
« Que mange-t-on à midi ? »
Est-ce que j'ai faim ?
Plutôt que de m'assurer
que le frigidaire est plein...

Mais quand l'esplanade
s'ouvre aux pieds des remparts
sur le vaste monde,
la peur de mes peurs s'efface
et grandit la perspective.

18.03.12