Halte au chemin d'écriture
-
Si les mots me manquent,
comment dire l'espérance,
mais aussi les doutes
pour exprimer l'indicible,
approcher la vérité
et trouver la force
de reprendre le chemin
d'écriture, en moi.
Car l'écriture est la vie
de la pensée sans détour.
C'est la source où viennent
dans le bruissement des langues
éclore les mots.
Prends bien soin quand tu les cueilles
de ne pas les effeuiller.
31.04.15.
Nouveau
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« Qui es-tu Nouveau
venu ? » Quand je l'interpelle,
je suis si méfiant
que le ton de mes paroles
dresse un obstacle entre nous.
Comment le briser ?
Je sais que c'est de ma faute.
L'avouer, est-ce assez
pour ouvrir une échappée
sur un horizon commun ?
Car il en est un
pour qui veut bien reconnaître
notre humanité,
et qui peut changer de ton
pour que s'effondre les murs.
30.05.14
Alternance des flux
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Pêcheurs et poissons,
sur la rive entre les saules
au vent se mesurent.
La peau du fleuve se ride
à contre-courant du ciel.
Frisson des feuillages...
Bruissements des peupliers...
Le fleuve en suspend
attend un signe des dieux
pour réaffirmer son cours.
Mais les dieux se taisent...
Le héron , au loin, s'enfuit
vers d'autres croyances,
sans déléguer ses pouvoirs,
au risque de déshérence.
Quelle est cette angoisse
qui monte des profondeurs,
inverse les flux,
comme un coup de chien diffus,
dans la plus haute atmosphère,
détourne les hommes
de leur marche inassouvie
pour les colleter
au vent pervers de l'estran,
sur les rives de l'estuaire.
29.05.14
Le dit du limaçon
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Le Héron cendré
est seigneur de haut lignage.
Il toise l'intrus,
que je suis, de son œil vif
et de son bec menaçant.
Hautain il arbore
le cimier de courtes plumes
des gardiens du fleuve
La tunique grise ourlée
de son liseré d'honneur.
Scrutant le courant,
droit perché sur une patte,
l'autre en suspend,
prêt à combattre ou à fuir,
il évalue son aubaine.
« C'est quoi une vie,
dis moi l'oiseau affamé :
une goutte d'eau,
brassée dans le cours du fleuve,
au sein des remous bourbeux ? »
28 .05.14
Lendemain de tornade
-
Le jour s'est levé,
ce matin dans la grisaille.
La ville s'éveille
doucement, dans les replis
de ses jardins embrumés.
La tornade d'hier
s'est éloignée au plus noir
de la nuit fourbue.
Les débris, sur son passage,
encombrent les rues, les places.
Trouverai-je un lieu
où la rage n'ait plus cours,
pour gouter la paix
du cœur et la joie de vivre,
quand le soleil va surgir ?
27.05.14
Douteuse évaluation
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Afghanistan +Irak + Koweït+Syrie + Soudan + Israël + Palestine+ ETC...
Quel prix à payer
pour conserver un pouvoir
si fort contesté !...
Ce peuple apeuré, brisé,
au loin de ses sources vives.
Ces enfants perdus
sur leurs chemins de misères
dans des camps pourris,
les gravats brulants des villes,
ou la dérive des barques.
Tant de vies rompues,
de pères éparpillés,
au souffle des bombes ...
De mères hallucinées
du destins de leurs nichées.
Qui reconnaîtra;
pour le solde de tout compte,
que c'est cher payé
si le devenir humain
doit enregistrer ce coût.
26.05.14
Dénouement de la pensée
-
Quand l'idée te vient,
la pensée, piquée au vif,
se referme en boucle
et te prive de la vue
sur l'horizon embué.
L'obsession te gagne
et cristallise l'idée.
Mais prends garde aux jeux
de lumière que son prisme
de cristal, dans le soleil,
réfracte à tes yeux.
Pour t'en dégager reviens
à la poésie
- c'est le plus sûr antidote
du poison de l'absolu -
laisse là flotter
à la surface des eaux,
là où s'épanouit
l'émotion des nymphéas
quand la pensée se dénoue.
25.05.14
Mise en garde
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« Construire un nouveau type d'homme...
Création ; et qui ne prétend pas régenter ou supprimer ;
elle est comme une nouvelle espèce dans le champ,
qui croîtra si cela lui est donné. Biologie plutôt que mécanique
-ou dialectique. »
Maurice Bellet
La quatrième hypothèse
Descleée de Brouwer
Construire un autre homme ?...
Attention à ce qu'on dit
au vif du débat !
Parfois les mots nous trahissent
dans la précipitation.
Non ! C'est le même homme,
hier, aujourd'hui, demain,
mais qu'il faut ouvrir
à son devenir humain
et lui en offrir les chances.
C'est ce même humain,
dépassant la tradition,
et trouvant la voie
qui porte l'humanité
à son ressaisissement,
qui peut devenir
dans le secret de son cœur
un peu plus humain,
pour entrebâiller sa porte
avec moins de peur au ventre.
23.05.14
Grand' peur
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Nos frères s'éloignent,
comme si nous n'avions plus
d'attrait à leurs yeux.
D'où nous vient cette distance
qui s'introduit entre nous ?
Mais sont-ce bien eux
qui détournent le regard,
ou notre regard
qui se lasse et ne voit plus
que la misère du monde ?...
Alors que la nôtre
dans ce naufrage de l'âge
nous fait si peur,
quand nous venons à la lire
dans le regard de nos frères.
21.05.14
Ordinaire
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Une rue ordinaire,
dans une ville ordinaire,
un jour ordinaire.
Attendre, en vacuité,
je ne sais quelle échéance !...
Passent les passants
dans le silence des pensées.
Qu'ont-il en commun,
sinon ces mines d'affaires
et ce mutisme contraint ?
La journée s'achève,
sans éclat, sans pluie non plus.
La vie ordinaire
peut-elle être enjeu conscient
d'un collectif amoureux ?
21.05.14
