La jungle et l'enfer
Dans ce trou -noir d'Haïti
que faut-il en faire ?
En comprendre le langage ?
En traduire les messages ?

Car son monde est nôtre.
Nous devons le reconnaître,
sans qu'il soit le nôtre.
Aucun droit de possession,
ni de parole en surplomb.

Mais pour eux que faire?..
Si chaque matin le jour
prolonge la nuit,
sans que la prolongation
ne soit qu'un arrêt de jeu

En lisant "L'énigme du retour" de Dany Laferrière

Dany Laferrière
nous invite en Haïti
rechercher son père,
parti, jadis, au maquis
et mort depuis à Brooklyn.

Périple audacieux
sur le pourtour du trou-noir,
prêt à engloutir
les pérégrins égarés,
s'ils renoncent à leurs rêves,

Mais qu'un geste sauve :
Ce doigt dressé vers l'Etoile
dans la Voie Lactée,
la grand-mère imaginée,
au large "de la Grande Ourse"

Ce texte, écrit le 09.01.09, reste d'actualité,hélas, aujourd'hui.

Au coeur des nuits blanches
l'idée fixe obsède et brouille
la pensée de l'homme.
La main tremble sur la plume
Et l'esprit prend ses distances.

Pour prix de sa liberté,
l'être en soi devient chimère
et la tribu meute.
Les loups hurlent à la mort.
L'idée se saisit des âmes.

Pourquoi cet enfer,
dans le mortier de Gaza,
ce peuple broyé ?
Qui anime cette  main ?
Pour quelle sombre mixture ?

Si on revient au point de départ
cela voudra-t-il dire
que le voyage est terminé ?...

Dany Laferrière
(L'énigme du retour) 

Quelle est cette danse
dont les mots, soudain, s'écartent ?
De quoi ont-ils peur ?
Refusent-ils l'évidence ?
Craignent -ils d'avouer leurs doutes ?

La terre a tremblée...
Haïti est dévastée.
Mais rassurons -nous !
Les américains débarquent.
L'ordre règne à Port au Prince !...

Enfin, bientôt, presque !...
Les répliques entretiennent
le champ des prières.
La dé-construction avance.
Et les consciences s'éveillent...

Ce message fait suite aux messages des 15, 17,19,20,21,22/ octobre 2009
courtil :"Petit jardin attenant à une maison de paysan". Nous dit le Robert.

Prends soin du compost !
C'est lui qui transmet la vie
au siècle suivant...
jardinier de ce courtil,
dont la vie te rend comptable !

A toi de savoir
gérer sa fermentation
et son épandage !
Mais ne crois pas qu'il suffise
d'un savoir organisé...

Transmettre la vie
demande beaucoup d'amour,
autant de confiance,
et plus encor d'espérance
dans l'humilité des jours.

Je sais te devoir...
j'ai conscience de ma dette
et de mes devoirs
J'ai appris à distinguer
entre le Doit et l'Avoir.

Cependant, ma dette,
si je l'inscrit en Avoir,
devient-elle indue ?
et quelle sera l'issue
d'une aussi mauvaise foi ?

Mais qu'est cette foi ?
Son contredit qui l'inspire ?
Et si je ne dois
plus rien, que devient mon droit ?
Comment, pour qui l'exercer ?

Être reconnu,
est-ce un droit ou un devoir ?
Mais que dois-je faire
pour marcher en dignité
au regard de mes semblables ?

Un droit ? Mais qui suis-je,
pour exiger que tu viennes
au devant de moi...
Même si je suis certain
d'avoir fait les premiers pas.

Un droit, un devoir ?
va savoir la vérité !...
Les deux à la fois ?
Mais pourquoi serai-je en droit
de négliger mes devoirs ?

La vie est un don
de tes seuls procréateurs
et de leur rencontre,
reçu par toi seul, en toi,
pour ton seul commencement.

Dans ta solitude,
pourquoi affirmer ce don
et rendre justice,
en dépit des différences
à ces plateaux de balance ?

Le juste équilibre !
d'où te vient cette exigence
de stabilité,
dans l'agitation du monde,
sous les tornades du souffle ?

A ta fenêtre,

" -Pourquoi essarter,
sur la lande des nuits blanches,
les ajoncs du doute ?
As-tu peur de leurs épines ?
Que ferais-tu de leurs cendres ?

Laisse les fleurir,
avant même les genets
de nos certitudes."

" -Leurs dards sont autant d'échardes
qui me tiennent éveillé.

Et si je les brûle
dans les braises sous la cendre
couve encore la vie.
Suffit du souffle d'un rêve
pour renaître en bout de lande."