Egalité des chances
En visitant, à la télé, un hopital d'enfants irakiens.
Un enfant est mort,
le second défiguré,
le troisième indemne.
L'attentat nous initie
à l'égalité des chances.
Le mort est bien mort,
aux pleurs de ses parents
il reste insensible,
aussi à qui l'a jeté
aux poubelles de l'histoire.
Le défiguré
brise le regard d'effroi
que nous lui tendons,
et la pauvre compassion
lue dans les yeux des parents.
L'indemne est indemne,
mais découvre la béance
ouverte à ses pieds.
Et jamais il ne pourra
tenter un pas en avant.
La chance tient -elle
en ne pas être présent
au mauvais moment ?
Rappelle-toi, à leur âge,
quand tu sortais de chez toi,
Quelle certitude
de rentrer libre ou vivant ?
Et ce sang en flaques,
sur la Place de la Gare,
n'est-il plus dans ta mémoire ?
Et l'égalité
conduit-elle l'enfant roi
de nos privilèges,
au bord de l'abîme,
centre du terrain de jeu.